13. Jan. 2018

Quotidien Jurassien

Mosaïque de la Démocratie

Fragment no 58

Sans Tesla, pas de démocratie!


Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924) a affirmé il y a cent ans que «le com­munisme, c’est le pouvoir des conseils (les soviets) plus l’électrification du pays». Et l’on sait que Lénine considérait la démocratie comme «em­bryon» du socialisme et du communisme. Ces deux doctrines politiques étaient donc à ses yeux supérieurs à la démocratie tout en étant incon­ce­vables sans elle. Lénine aurait par ailleurs vraiment essayé, pour réaliser son premier plan d’industrialisation de l’Union soviétique, de s’attacher, via un intermédiaire, les services du plus grand génie de l’électrotech­ni­que de l’époque: Nikola Tesla (1856-1943). Mais cela suffit-il à démontrer - pour une mise en bouche insolite en ce début d’année - que le courant électrique est une composante de la démocratie, et fait donc partie de notre Mosaïque de la démocratie comme l’air frais ou le pain, sans les­quels les démocrates ne peuvent pas vivre?

Sur ce point, le philosophe Friedrich Albert Lange (1828-1875), de Duis­bourg et Winterthour, semble déjà plus convaincant. Lange a été le pre­mier théoricien de la démocratie directe qui ait pris une part décisive à sa première réalisation cohérente dans le canton de Zurich, dans la seconde partie des années 1860. Il a été membre de la Constituante et rédacteur du journal démocratique Landbote, à Winterthour. Dans son commentaire de la nouvelle Constitution zurichoise de 1869, alors la plus fidèle à la démocratie directe au monde, Lange a écrit: «Non seulement la presse imprimée (...), les chemins de fer, la poste et le télégraphe doivent prend­re leur part à la réussite de la démocratie directe». Sans courant, il n’y aurait donc pas de télégraphes, pas de téléphone, pas de radio - autant d’inventions auxquelles a contribué le génie euro-américain Nikola Tesla.

Alors, pas de démocratie sans Tesla, la voiture électrique très chère, com­me celle de la conseillère fédérale Doris Leuthard? Non, ce serait un malentendu et un excès de luxe. Il n’est pas question ici de l’auto qui por­te son nom depuis 2003, mais bien du génial ingénieur Nikola Tesla et de ses inventions électrotechniques, sans lesquelles les grandes et fortes démocraties actuelles ne seraient plus possibles.

Nikola Tesla a été le plus grand inventeur d’Amérique dans le domaine de l’électrotechnique, selon son biographe John O’Neill. Il a découvert tant le courant alternatif et le moyen de distribuer l’électricité, que le transformateur, le télégraphe et la radio, sans lesquels la démocratie n’aurait pas pu se développer. Mais Tesla était d’abord un génie et un expert de la recherche fondamentale, pas un commerçant ni un homme d’affaires. Il a bien détenu 280 brevets dans 26 pays, mais ce sont de grands industriels comme George Westinghouse qui ont su devenir riches et célèbres en faisant des découvertes de Tesla des produits de consommation et en les vendant par millions. Tesla avait remballé l’intermédiaire de Lénine, lui déclarant qu’il voulait d’abord voir ce qu’il pouvait faire en Amérique avant de se tourner vers un autre grand pays …

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Nikola Tesla ( 1856 – 1943) est né de parents serbes à Smiljan,
village situé alors en Autriche-Hongrie, aujourd’hui en Croatie. Il a étudié les mathématiques, la physique et la mécanique à l’École Polytechnique de Graz. Après avoir travaillé comme ingénieur à Budapest, puis à Paris, il a émigré en 1884 aux États-Unis.

«
Nikola Tesla était sans doute l’un des principaux inventeurs des États-Unis, mais aujourd’hui encore peu d’Américains le connaissent. (...) C’était un génie excentrique, qui a fait plus de découvertes que Thomas Edison, qui a inventé la radio avant Marconi et les rayons X avant Röntgen - mais ces derniers ont reçu les trois prix Nobel. Parmi les inventions de Tesla, il faut citer le courant alternatif, qui alimente aujourd’hui tous les ménages, la radio, la transmission sans fil de l’énergie et de la lumière, les tubes de néon ou le transformateur. (...)
Il ne se souciait guère de la commercialisation de ses découvertes et travaillait souvent en secret. De telles originalités peuvent expliquer pourquoi il a rapidement disparu de la mémoire collective… jusqu’au jour où Larry Page, cofondateur de Google, en a fait son héros, puis donné son nom en 2003 à une usine fabriquant de nouveaux
véhicules électriques durables.
»

Extraits de la biographie de David J. Kent Tesla - The Wizard of Electricity (Le magicien de l’électricité), Fall River Press, New York 2013.


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