9. Nov. 2016

Le Quotidien Jurassien

L’élection de Trump est un cri du coeur
des oubliés par les élites dominantes



Andreas Gross, politologue et ancien conseiller national (ZH) établi à Saint-Ursanne, avait suivi sur place une partie de la campagne élec­to­rale. Il n’avait pas pronostiqué la victoire de Donald Trump.

«J’ai été totalement surpris. Je n’ai jamais exclu que le Brexit se ferait mais je n’ai jamais pensé que Donald Trump serait élu. Les deux choses sont très liées, c’est un cri du coeur des oubliés par le système, la po­li­tique, les élites dominantes. J’ai beaucoup rencontré de ces oubliés, des hommes blancs dont l’industrie a été délocalisée au Mexique, en Corée du Sud, au Japon ou au Vietnam par le libre-échange. Les démocrates ont perdu pour la première fois depuis 30 ans des états comme le Mi­chigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie. Hillary Clinton n’était même pas allée dans ces états où elle était sûre de gagner. Il faut rappeler que c’est le président Clinton qui a libéré les marchés. Mme Clinton était l’ex­pression de la pensée unique du libre-échange qui laissait les mar­chés sans aucune protection des ouvriers. Beaucoup de femmes avec une éducation sous la moyenne ont préféré Trump le sexiste en espérant qu’il défendrait les intérêts des défavorisés mieux que Clinton. J’ai ren­contré ces gens frustrés, oubliés, révoltés et furieux, dans le New Hamp­shire, le Massachusetts. Les petites villes se sentent oubliées, elles ont été prises par Trump. Par ailleurs, les démocrates n’ont pas été capab­les de montrer qu’ils défendaient les intérêts des gens discriminés à cause de leur race. Les blancs âgés ont eu l’impression qu’Obama n’était pas leur président. C’est un énorme paradoxe de notre temps: on communique avec un volume de données énorme mais énormément de gens se sentent perdus, pas entendus. Il faut réfléchir à retrouver le dia­logue avec ces gens qui ne regardent pas les émissions politiques à la télévision mais les reality shows que Trump maîtrise comme personne d’autre.»


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