6. Dez. 2008

Radio TSR

Ueli Maurer: Andreas Gross explique son refus

L'élection du successeur de Samuel Schmid au Conseil fédéral fait couler beaucoup d'encre. Son départ ouvre la voie à un retour de l'UDC au gouvernement mais remet sur le tapis la question de la concordance politique. Andreas Gross nous donne son point de vue.

Politologue et conseiller national (PS/ZH), Andreas Gross, qui est aussi membre du "Groupe 13", s'oppose à l'élection d'un UDC de l'aile blochérienne. Il estime qu'Ueli Maurer n'a pas sa place au Conseil fédéral. Pour lui, la formule magique ne se résume pas à une répartition des sièges au gouvernement en fonction des résultats aux élections fédérales. A son sens, la concordance politique prime. Interview.

Propos recueillis par Nathalie Hof

tsr.ch: Pourquoi vous opposez-vous à l'élection d'Ueli Maurer au Conseil fédéral le 10 décembre?

Andreas Gross: Personnellement, je suis convaincu qu'il ne respecte pas ceux qui pensent autrement que lui. Il les dénigre. Il agit comme Monsieur Blocher. Entre les deux, il y a des différences de caractère, de milieu, d'histoire, mais pas en ce qui concerne la politique. On a dit non à l'original, alors il faut résister à la copie.

Mais refuser un UDC au Conseil fédéral, n'est-ce pas désavouer les 30% d'électeurs qui votent pour l'UDC?

Non, parce qu'il y a aussi d'autres gens dans l'UDC qui ont une autre conception politique que celle de Monsieur Blocher. Pour ma part, je suis prêt à élire un UDC, mais pas quelqu'un qui a fait preuve d'un tel manque de respect envers ceux qui ne partagent pas son opinion.

C'est donc une question de personne, pas de politique?

Non, c'est une question de politique. Parce qu'à l'UDC, il y a différents concepts politiques. Il y a l'aile blochérienne à laquelle Ueli Maurer a contribué pendant 20 ans. Et il y a d'autres courants qui sont respectueux envers les autres.

Est-ce pour cette raison que vous estimez qu'Ueli Maurer ne peut pas jouer le jeu de la concordance, parce que c'est un «clone» de Blocher?

La concordance, ce n'est pas un jeu. C'est une attitude. C'est un concept. C'est une culture. Et c'est exactement ce qui manque aux deux.

Pourtant, il y a des politiciens comme Christiane Brunner ou Christophe Darbellay qui affirment que l'on peut discuter avec Ueli Maurer, qui disent qu'il peut être collégial.

Oui, si je devais trouver un baby-sitter, c'est quelqu'un à qui je pourrais confier mes enfants pour les garder, s'ils sont encore jeunes, entre 2 et 10 ans. Dans ce contexte, je n'ai rien contre Monsieur Maurer. Mais j'ai observé sa façon de faire de la politique depuis 30 ans, et je ne lui confierais jamais l'éducation politique de mes enfants. Il faut distinguer le caractère personnel du caractère politique. Il y a une différence entre jouer au jass avec quelqu'un et lui confier le pays.

Pour en revenir au 10 décembre, que pensez-vous du scénario selon lequel Ueli Maurer pourrait se retirer en cours d'élection au profit de Christoph Blocher?

Non, ce ne sera jamais le cas. On va agir en sorte que ce problème ne se produise pas.

Alors quels sont vos projets? Une alternative en préparation?

Oui, il y a beaucoup de projets. Mais la réussite de ces projets tient dans leur secret, dans le fait qu'on ne les révèle pas avant l'élection. Pour protéger les papables auxquels on pense. Pour éviter que l'UDC blochérienne puisse exercer une pression sur eux. Pour qu'ils ne "craquent" pas d'ici là.

Pour conclure, le 10 décembre, quel serait le scénario idéal à votre sens?

Le scénario idéal est que la personne qui sera élue soit quelqu'un qui corresponde aux exigences de la concordance, quelqu'un qui respecte l'opinion des autres, et enfin quelqu'un qui œuvre à l'intégration du pays et non à la division de la Suisse.


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