16. Nov. 2007
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Andreas Gross:
«Rien n'est joué pour la réélection de Blocher au Conseil fédéral»
Par François Nussbaum
Le conseiller national Andreas Gross publie un ouvrage collectif sur la présence de l'UDC au Conseil fédéral. La plupart des 40 auteurs proposent de ne pas réélire Christoph Blocher. Promesse tenue: l'ouvrage publié fin août par Andreas Gross sur l'UDC, la concordance et le pouvoir a paru hier en français. En fait, c'est un nouveau livre, puisque davantage de Romands y participent et que les articles tiennent compte du résultat des fédérales. Mais le ton est sévère pour Christoph Blocher et ceux qu'il parvient à intimider. Le député socialiste zurichois, spécialiste des institutions démocratiques suisses, a intitulé l'ouvrage Choisir une autre voie. Une quarantaine d'auteurs interviennent (de Daniel Brélaz à Georg Kreis, de Jean-Claude Rennwald à Christophe Darbellay). L'UDC de Blocher est au cœur du débat. Quelques questions à Andreas Gross.
Après le 21 octobre (et les gains UDC), on parle encore moins de surprises possibles le 12 décembre. Vous refusez cette résignation?
Absolument, car la situation est beaucoup plus ouverte que les gens ne le pensent. Il faut distinguer entre les gains de l'UDC et le renforcement du bloc de députés acquis d'avance à la réélection de Christoph Blocher. La plupart des gains ont été engrangés au détriment de petits partis nationalistes ou de représentants du centre droit qui avaient déjà voté Blocher en 2003. Quant aux gains nets pour le bloc, ils peuvent être compensés par l'arrivée de Verts.
Il faudra encore attendre les derniers résultats au Tessin, à Saint-Gall et à Zurich pour le Conseil des Etats, mais la gauche y est d'ores et déjà renforcée. Au soir du 25 novembre, les citoyens se rendront compte que rien n'est joué pour Christoph Blocher. Au Parlement, l'attitude du PDC et des Verts libéraux sera déterminante.
En 2003, une majorité du Parlement n'a pas contesté le droit de l'UDC à un deuxième siège, ni le droit de Blocher à l'occuper. Pourquoi cette majorité changerait-elle?
Parce que le souci principal devrait être l'intérêt général. D'abord, c'est une grave erreur de penser que la concordance du gouvernement peut se réduire à une répartition arithmétique des sièges. Ensuite la concordance repose sur le respect de l'autre, la conscience de ses limites et la modestie. En d'autres termes, la conviction que personne n'a le monopole de la vérité et que les autres sont indispensables pour partir ensemble à sa recherche. Christoph Blocher ignore complètement ces notions: il se voit uniquement comme sauveur d'une Suisse telle qu'il la conçoit lui-même, mais aussi comme chef unique d'un gouvernement bourgeois. Il ignore les bases de la concordance républicaine, comme le respect des droits de l'homme, de la Constitution, de la séparation des pouvoirs. Il ignore aussi que la reconnaissance du droit international est dans l'intérêt d'un petit Etat, qui préfère le pouvoir du droit au droit du pouvoir.
Le scénario pour le 12 décembre
Andreas Gross, quel scénario souhaitez-vous pour le 12 décembre prochain?
Il faut d'abord préparer la candidature d'un deuxième démocrate-chrétien, par exemple le Fribourgeois Urs Schwaller. Le jour venu, le Parlement réélit Samuel Schmid, qui se voit exclure du parti national et qui tentera de faire sécession avec la section bernoise. L'UDC blochérienne sort du gouvernement, laissant la place à une petite concordance telle que le Conseil fédéral l'a connue entre 1995 et 2003 (avec Adolf Ogi et Samuel Schmid, qui n'étaient pas de la tendance majoritaire de leur parti). On a alors un gouvernement qui correspond aux vœux exprimés le 21 octobre par 71% du corps électoral. Les démocrates du centre retournent dans l'opposition, prêts à tenir leur promesse de tout bloquer. Mais une telle attitude est-elle compatible avec la concordance républicaine? Une démocratie doit-elle céder devant un ministre qui déclare «c'est moi ou le chaos»?
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