2. Sept. 2007
L' Impartial/
Nouvelliste/
La Liberté/
Suisse
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Bilan critique de l'UDC:
«Christoph Blocher discrédite le pays en méprisant la Constitution»
Le conseiller national Andreas Gross publie, dans un ouvrage collectif, un
bilan critique de l'UDC depuis 2003. Avec les mêmes questions sur la
démocratie et la concordance. En espérant cette fois un débat.
A sept semaines des élections fédérales, Andreas Gross, conseiller national
socialiste zurichois, revient à la charge. Opposé en 2003 à l'élection de
Christoph Blocher au Conseil fédéral, il a demandé à 40 personnalités de
brosser, à travers 25 thèmes sur lesquels l'UDC s'est illustrée, un bilan
analytique de la législature. Un livre appelé à relancer le débat.
De Berne: François Nussbaum
Votre but est-il d'empêcher la réélection de Christoph Blocher, le 12
décembre?
C'est d'abord de provoquer le débat sur ce point. Notre contribution
consiste à analyser, avec sérieux et compétence, 25 thèmes comme la norme
sur le racisme, le génocide arménien, la criminalité des jeunes, mais aussi
l'Etat social ou la fiscalité, c'est-à-dire des thèmes qui ont permis à
l'UDC de s'illustrer durant la législature, notamment dans les médias. Les
éditeurs du livre (mais pas tous les auteurs) concluent qu'il est
préférable, à la fois, de ne pas réélire Christoph Blocher et de gouverner
sans l'UDC. Il faut trouver une forme de concordance réduite, puisque le
chef du Département fédéral de justice et police refuse la concordance et
qu'il incarne, à lui seul, la quasi totalité de son parti.
Peut-on évincer le plus grand parti?
C'est une grande erreur de croire que le Conseil fédéral est un petit
parlement, où toutes les grandes tendances doivent être représentées. Les
membres d'un gouvernement sont censés s'entendre pour formuler des
propositions cohérentes, et non perdre leur temps à se tirer dans les
jambes. Une concordance réduite peut trouver des majorités au Parlement et
devant le peuple. Il n'y a pas de norme constitutionnelle sur la
concordance, mais il y a exigence d'une lecture concordante de la
Constitution. Cela signifie que dans chaque situation concrète, tous les
articles doivent être également respectés, un principe qui s'applique entre
les membres du gouvernement. Christoph Blocher, lui, discrédite le pays en
méprisant la Constitution, le Tribunal fédéral, les droits de l'homme.
Vous dites espérer un débat à ce sujet. Pourquoi peine-t-il à démarrer?
Il y a plusieurs raisons. D'abord Christoph Blocher et son influence font
peur pratiquement à tout le monde dans les rangs bourgeois. Il faut dire
que, tant chez les radicaux que chez les démocrates-chrétiens, une
importante minorité est largement blochérisée. Et on veut éviter les
conflits, même civilisés (si on s'attaque à l'UDC, il n'y aura quand même
pas mort d'homme!). Mais j'entends souvent des radicaux, mais aussi des
socialistes, dire que si on parle trop, rien ne changera. Il vaudrait donc
mieux travailler en coulisses. Comme si la maturité politique consistait à
éviter le débat public. Je suis peut-être infantile mais je maintiens que,
dans une démocratie (directe, de surcroît), les grandes questions doivent
être débattues ouvertement.
Votre parti ne semble pas vous suivre massivement ...
Au PS, la crainte est que l'éviction de l'UDC ne change rien à la majorité
structurelle des radicaux. Ce qui se comprend du côté alémanique, mais
beaucoup moins du côté romand. Le pays serait donc déchiré. Mais peut-on
s'arrêter à l'angoisse de quelques désavantages à court terme pour éviter un
débat salutaire à long terme? En attendant, le président du PS s'attaque aux
radicaux ... Peut-être faudra-t-il que le signal vienne des partis du centre,
même si leurs militants «non-blochériens» doivent se regrouper dans une
nouvelle formation. Car ni la gauche ni l'UDC ne peuvent gouverner seuls: le
centre sera toujours indispensable.
A vous entendre, on risque de rester dans l'impasse?
Il ne faut pas désespérer. Mais si on ne fait rien, on se résigne à
l'hégémonie de l'UDC. Et à son discours totalitaire: Blocher dit clairement
que si on ne le réélit pas, ce sera la catastrophe, et son parti parle de
choix entre le ciel et l'enfer. Il faudra bien trancher, donc se battre. On
ne gagne pas un match en restant au vestiaire.
Traduction en novembre
L'ouvrage présenté hier, de 320 pages, comprend des articles analytiques de
40 personnalités, dont cinq romands. Entre autres: les anciens conseillers
fédéraux Otto Stich et Arnold Koller, les présidents de partis Ruth Genner
(Verts), Ueli Maurer (UDC) et Christophe Darbellay (PDC), des parlementaires
comme Dick Marty (rad /TI) ou Roger Nordmann (soc /VD), le syndic de
Lausanne Daniel Brélaz.
Le livre est dédié à la conseillère nationale Liliane Chappuis (soc /FR),
décédée en juin dernier avant d'avoir pu mener à terme sa contribution au
livre. A noter qu'une traduction française arrivera début ou mi-novembre,
avec un chapitre supplémentaire consacré à une première analyse des
résultats des élections du 21 octobre. / fnu
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Andreas Gross
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