17 avril 2007
Le Temps
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«Le Parti socialiste manque
d'une vision à long terme»
Andreas Gross, conseiller national socialiste (ZH), regrette l'absence d'une
réflexion de longue haleine sur le destin du PS.
Marco Danesi
Le Temps: Comment expliquer la débâcle socialiste aux élections cantonales zurichoises?
Andreas Gross: Au-delà des raisons conjoncturelles, le mauvais résultat du PS à Zurich est l'expression d'un malaise touchant les socialistes, en Suisse comme en France.
Le bon travail parlementaire, des programmes efficaces cachent l'absence d'une vision à long terme où les valeurs de solidarité, d'égalité et de justice sociale s'incarneraient dans un projet social d'envergure.
Le PS manque d'un espace de réflexion à l'abri de la pression et des critiques des médias. Plus grave encore, les sections s'essoufflent et le débat interne fait défaut. Les liens entre le groupe dirigeant et la base se distendent. Idées et propositions occupent journaux et télévisions avant même toute discussion au sein du parti.
Le comité directeur semble parfois déconnecté des militants. Alors que c'est sur le terrain qu'il faudrait aller chercher le consensus qui commence à s'effilocher et les électeurs qui s'éloignent de la politique et des bureaux de vote.
Quelle est la spécificité du vote zurichois?
Sur les rives de la Limmat, l'intérêt commun succombe désormais à l'arrogance de la bourgeoisie et du monde de la finance, compliquant ainsi la tâche du Parti socialiste. Tout le contraire de ce qu'on observe à Bâle ou en Suisse romande, où la sensibilité sociale est plus prononcée.
Est-ce que Hans-Jürg Fehr, président du PSS, est en cause?
Non il n'y a pas de problème de ce côté-là.
Les Verts représentent-ils un danger pour les socialistes?
Nous sommes en concurrence et nous risquons d'égarer des sièges à leur avantage. Mais nous appartenons au même camp, ce qui n'est pas le cas des Verts-libéraux, une manifestation supplémentaire de cet égoïsme typiquement zurichois.
En revanche, il ne faut pas abandonner l'écologie dans les mains des Verts tout en évitant en même temps de durcir le ton dans le domaine social.
N'avez-vous pas le sentiment que le discours du PS ne colle plus avec son électorat?
C'est un débat clos. La base ouvrière du parti s'effrite depuis 25 ans. Pourtant, ce n'est pas une raison de négliger les intérêts des gens qui votent maintenant UDC.
Qu'est-ce qui explique cette désaffection?
Les solutions simplistes de l'UDC attirent un électorat victime de ses problèmes quotidiens, enfermé dans ses soucis de laissé-pour-compte. Désormais incapable d'envisager son avenir à long terme. De cette façon, il échappe au PS.
Que pensez-vous de la volonté de la direction du parti de contester l'un des deux sièges radicaux au Conseil fédéral au lieu de s'en prendre résolument à Blocher et à l'UDC?
C'est une erreur. L'UDC reste notre adversaire principal. On peut essayer de s'entendre avec les radicaux, pas avec l'UDC. Le PS hésite trop entre chasser Blocher et son parti ou continuer avec eux au gouvernement. Or la concordance actuelle n'est pas une formule immuable.
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