15 septembre 2006

Le Temps

La place d'armes de Bure
pourrait être l'oasis jurassienne de l'UDC


JURA. Malgré l'intervention du ministre Jean-François Roth, Bassecourt confirme son refus de louer une salle au parti. Qui pourrait porter son choix sur un site ajoulot.

Serge Jubin

Epilogue ce vendredi: l'UDC décidera si elle tient son assemblée des délégués du 30 septembre dans le Jura (LT du 09.09.2006). Bassecourt ayant confirmé son refus de louer une salle, ce pourrait être à la caserne de la place d'armes de Bure. «Si la salle correspond à nos besoins, nous viendrons dans le Jura», affirme Gilberte Demont, coordinatrice de l'UDC en Suisse romande. Elle a visité le site jeudi, «ainsi que d'autres», dit-elle. Selon l'enquête du Temps, il ne semble pas y avoir d'alternative à la caserne ajoulote. L'UDC s'en satisfera ou devra se rabattre sur un lieu de réunion hors du Jura.

Déficit d'image

«C'est une sale affaire», peste Jean-François Roth, qui voit dans l'actuelle polémique le révélateur d'une intolérance latente dans le Jura. Le ministre de la Coopération regrette que le projet de l'UDC de venir dans le Jura n'ait pas été réfléchi en amont.

Pressé de partir en vacances, le Conseil communal (exécutif) de Bassecourt a accepté à la va-vite, début juillet, sans consulter personne, de louer sa salle au parti. Espérant qu'une assemblée, un samedi matin, passerait inaperçue. Mais en août, apprenant que des manifestants hostiles à l'UDC se mobilisaient, les autorités de la commune de 3300 habitants ont pris peur, se sont ravisées et ont cassé le contrat.

Le secrétaire général de l'UDC, Gregor Rutz, a alors fait appel au gouvernement jurassien et à Jean-François Roth pour trouver une solution. Unanime à défendre le droit de réunion, le Conseil d'Etat a entrepris une double démarche: il a inventorié les salles répondant aux besoins de l'UDC et mis le parti en contact avec leurs propriétaires Qui auraient ouvert leurs portes à l'UDC, mais, à quinze jours du rendez-vous, leurs locaux étaient déjà promis à d'autres manifestations.

Mercredi soir, Jean-François Roth s'est rendu à Bassecourt pour tenter de ramener les autorités locales à de meilleurs sentiments. Il a levé l'hypothèque d'un report de la facture sécuritaire sur la commune, affirmant que le canton prendrait en charge l'entier des coûts liés à l'engagement d'une centaine de policiers romands. Mais rien n'y a fait.

Se sentant déjà ridicule d'avoir changé d'avis, le Conseil communal de Bassecourt n'a pas eu le cran de considérer le bien général: «Nous avons pensé aux habitants de notre village qui se seraient trouvés, l'espace d'un jour, sous l'emprise d'une véritable forteresse», écrit-il, sourd aux condamnations formulées partout en Suisse et refusant de voir le tort fait à l'image du Jura.

«L'exécutif de Bassecourt a capitulé face à ses devoirs, dénonce le conseiller national socialiste Andreas Gross, qui a installé un laboratoire à Saint-Ursanne. Il devait garantir le droit fondamental de se réunir et celui, pour d'autres, de manifester.» Mais Andreas Gross voit tout de même du positif dans l'affaire: «Si elle fige les préjugés négatifs envers le Jura, elle montre qu'il existe une heureuse culture politique. Les Jurassiens disent leur mécontentement envers l'UDC. L'indifférence constatée ailleurs est bien plus regrettable.»

Et le parlementaire de suggérer de mettre à disposition de l'UDC le château de Delémont, et de canaliser les manifestants 200 mètres plus loin, près de l'Hôtel de Ville.

Un projet qui n'entre pas dans les plans de Jean-François Roth et du gouvernement, qui s'emploient à trouver un local à l'UDC. Pour se donner bonne conscience, sans réelle volonté d'aboutir? Jean-François Roth s'indigne: «Il est décisif d'affirmer notre respect du droit d'expression et de se réunir.» Invité à participer à l'assemblée de l'UDC du 30 septembre, le gouvernement jurassien y déléguera l'un des siens. A moins que la séance ne se tienne ailleurs.


Andreas Gross



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