17. Nov. 2006

DNA, AVCS

DNA: Conférence-débat
sur la démocratie participative


Durlinsdorf / Conférence de l'AVCS sur la démocratie:
Déblayer, débattre, déballer.


Plus de 50 citoyens s'étaient déplacés pour assister et participer à la conférence-débat organisée dans la salle archi-pleine du foyer du Grumbach de Durlinsdorf par l'AVCS (association de vigilance citoyenne du Sundgau). Le thème en était: «la démocratie est-elle menacée?».

Pour éclairer l'auditoire Colette Marchal et Jean Huntziger, les animateurs de l'association, avaient fait appel au député suisse Andréas Gross, fondateur de l'atelier de la démocratie directe à Saint-Ursanne.

Elargir la démocratie

D'entrée Jean Huntziger posa le problème: «Nous cherchons à avancer sur le chemin de la démocratie. Pour cela, il faut que le pouvoir soit mieux partagé entre les élus et les citoyens.» Andréas Gross rappela alors que l'idée d'une démocratie participative n'était pas neuve puisqu'elle date de la révolution française et plus particulièrement de Condorcet. «Mais au XIXe siècle, la France a oublié le concept qui sera par contre appliqué en Suisse.»

Nos voisins ont mis en place le droit d'initiative populaire tant au plan local que cantonal et national: ainsi sur l'initiative de seulement 0.5 pour cent de la population une "votation" peut être organisée sur tous types de sujets. «En France, lorsque le peuple n'est pas d'accord, il n' a pas d'autre solution que "le référendum par les pieds", c'est-à-dire une manifestation, pour se faire entendre», constata avec humour le député suisse.

Le poids de l'état-nation

D'après Andréas Gross, le centralisme écrase les citoyens: «Pour régler les problèmes locaux, le cadre de l'Etat est trop grand». Selon lui, cela provient du fait que la France s'est faite à partir d'un pouvoir central alors que la Suisse est née de la volonté d'union de ses cantons. Cette différence explique les réticences françaises face à la décentralisation. «Et pourtant, se fédérer, ce n'est pas du tout perdre son identité. D'ailleurs, ce qui fait la fierté des Suisses, c'est bien leur système politique: ils ont le sentiment de pouvoir s'exprimer.» Toujours selon Andréas Gross, pour que les citoyens français puissent influer sur les décisions qui les concernent, ils doivent dire aux candidats aux élections que «nous vous donnerons nos voix si vous êtes prêts à partager le pouvoir avec nous.»

Cahier de doléances

Pour Colette Marchal, la manière dont se passe le débat (ou plutôt son absence) en France entraîne un gros sentiment de frustration chez les citoyens qu'elle divise en sept catégories: les apathiques, les amnésiques, les angoissés, les paranoïaques, les perfusés (ou assistés), les boulimiques, les ulcérés (ou contrariés). «Et pourtant, le citoyen a à sa disposition les moyens de se faire entendre», dit-elle, «et notamment les droits qui lui sont constitutionnellement reconnus ou qui figurent dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Ces droits sont à notre disposition, il suffit de les reconquérir.» Comment faire? «En rédigeant des cahiers de doléances».

Réactions diverses

Les interventions du public ont parfois frôlé la démagogie ("tous pourris", "trop d'impôts", "c'est un scandale"), parfois dévié dans un abstrait philosophique intéressant mais peu adapté aux objectifs à atteindre. On retiendra cependant que l'auto-critique l'a quand même emporté sur le populisme. Car d'aucuns ont convenu que: «les gens ne s'intéressent pas assez à la chose politique et ne cherchent pas à s'informer»; que «il faut cesser d'accabler les politiques de tous les maux et prendre notre part de responsabilité»; que «nous sommes devenus des consommateurs très individualistes»; que «nous n'utilisons pas assez les contre-pouvoirs»; que «nous pourrions militer en parallèle avec les hommes politiques plutôt qu'être toujours systématiquemenr contre».

Quant à celui qui s'étonnait que pour expliquer la citoyenneté à des Français, on avait préféré un député suisse plutôt qu'un élu français, il n'a pas obtenu de réponse claire!

La suite?

Pour avancer, «nous devons être le levain qui brisera le silence dans lequel on maintient le citoyen. Mais on ne peut y arriver qu'en étant nombreux au sein d'associations comme la nôtre». Et surtout aller vers le concret, pourrait-on ajouter. Car autrement, on ne voit pas comment on réussira à s'opposer à la construction de l'hôtel communautaire-maison du tourisme décidée par la CCJA, objectif non abordé lors de ce débat mais qui était bien présent en filigrane.

Peut-être que lors de la prochaine soirée, on recentrera les choses. La rencontre aura lieu vendredi 1er décembre, à 20 heures au même endroit (salle du Grumbach à Durlinsdorf) et s'organisera en trois parties:

1. En tant que spécialiste de la démocratie directe et observateur de son application dans différents pays, Andreas Gross évoquera des cas précis d'application pratique de la démocratie participative dans le monde.

2. L'AVCS présentera ses actions et le recours juridique contre l'hôtel communautaire et invitera le public à s'associer à cette démarche pour la renforcer.

3. Le débat qui suivra portera sur les moyens de renforcer le pouvoir citoyen, notamment à l'approche des échéances électorales. Des décisions seront prises en ce sens.

Citoyens, habitant ou non la CCJA, venez nombreux, afin de renforcer l'action citoyenne, de se donner les moyens de créer un rapport de force équilibré entre la sphère économico-politique et la sphère culturelle/citoyenne. Nous ne devons pas être réduits à des citoyens imposables, consommateurs, électeurs.

Le comité de l'AVCS se réunira lundi. N'hésitez pas à faire part de vos suggestions d'ici-là.


Contactez Andreas Gross



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