22.04.2002

Le Temps

«Augmenter la participation démocratique»

«Le Pen deuxième? C'est incroyable, impossible, catastrophique...» Surpris par son téléphone portable au volant d'un minibus en Italie du nord, Mario Carera, vieux routier de la gauche romande et conseiller de Moritz Leuenberger, ne sait plus comment exprimer sa stupéfaction face aux résultats du vote français. «C'est un vote de repli contre Bruxelles, contre les immigrés.»

Ce vote laisse abasourdis tous les socialistes suisses qui se sentent de ceur proches de la France, comme le conseiller d'Etat vaudois Pierre Chiffelle. «L'échec de Jospin est aussi celui de la social-démocratie molle qui tente une partie de la gauche suisse, ce que je déplore.»

Andreas Gross, conseiller national zurichois, était dimanche à Poissy (région parisienne) pour observer le déroulement du scrutin comme observateur de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. Il est inquiet: «On dit que la France ne change que dans les révolutions. Mais cette fois, je crains que ce ne soit une révolution régressive. Ce résultat montre qu'on ne peut impunément priver de siège un parti qui fait 15% des voix lors des élections au Parlement. En France, on a essayé d'exclure l'extrême droite de l'arène politique, alors qu'il faut se bagarrer avec ces gens. Il faut aussi augmenter la participation démocratique dans les décisions européennes, car les nationalistes gagnent si les gens ont l'impression qu'on ne leur donne pas le choix.»

A droite, l'UDC genevois Pierre Schifferli n'est pas tellement surpris du score de Jean-Marie Le Pen. Il y voit une sorte de confirmation de sa propre méfiance envers l'Europe de Bruxelles: «Le centre de la communauté, c'est la nation et la région. On a privé les gens de ce sentiment de démocratie.» Il constate aussi «une poussée en Europe de la droite nationale, populaire et attachée aux valeurs traditionnelles.

En un sens, la progression de l'UDC en Suisse préfigurait ce qui s'est passé en France. Il n'est pas exclu qu'un changement en ce sens se produise aussi en Allemagne.»

Andreas Gross

 

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